La logique du fantasme - compte rendu – Notre retour à Freud heurte chacun du vide central au champ qu’il instaure, et pas moins ceux qui en ont la pratique. On serait chez eux soulagé d’en réduire le mot d’ordre à l’histoire de la pensée de Freud, opération classique en philosophie, voire à son vocabulaire. On tourne les termes nouveaux dont nous structurons un objet, à nourrir des tâches de libraire. Pousser toujours plus loin le primat logique qui est au vrai de l’expérience, est rendre ce tour à la poussière qu’il soulève. Ou je ne pense pas ou je ne suis pas, avancer en cette formule l’ergo retourné d’un nouveau cogito, impliquait un passez-muscade qu’il faut constater réussi. C’est qu’il prenait ceux qu’il visait à la surprise d’y trouver la vertu de notre schéma de l’aliénation (1964), ici saillante aussitôt d’ouvrir le joint entre le ça et l’inconscient. Une différence morganienne d’aspect, s’anime de ce qu’un choix forcé la rende dissymétrique. Le « je ne pense pas » qui y fonde en effet le sujet dans l’option pour lui la moins pire, reste écorné du « suis » de l’intersection niée pas sa formule. Le pas-je qui s’y suppose, n’est, d’être pas, pas sans être. C’est bien ça qui le désigne d’un index qui est pointé vers le sujet par grammaire. Ça, c’est l’ergot que porte le ne, nœud qui glisse au long de la phrase pour en assurer l’indicible métonymie. Mais tout autre est le « pense » qui subsiste à complémenter le « je ne suis pas » dont l’affirmation est refoulée primairement. Car ce n’est qu’au prix d’être comme elle faux non-sens, qu’il peut agrandir son empire préservé des complicités de la conscience. De l’équerre qui se dessine ainsi, les bras sont opération qui se dénomment : aliénation et vérité. Pour retrouver la diagonale qui rejoint ses extrémités, le transfert, il suffit de s’apercevoir que tout comme dans le cogito de Descartes, il ne s’agit ici que du sujet supposé savoir. La psychanalyse postule que l’inconscient où le « je ne suis pas » du sujet a sa substance, est invocable du « je ne pense pas » en tant qu’il s’imagine maître de son être, c’est-à-dire ne pas être langage. Mais il s’agit d’un groupe de Klein ou simplement du pont-aux-ânes scolastique, c’est dire qu’il y a un coin quart. Ce coin combine les résultats de chaque opération en représentant son essence dans son résidu. C’est dire qu’il renverse leur relation, ce qui se lit à les inscrire d’un passage d’une droite à une gauche qui s’y distinguent d’un accent. Il faut en effet que s’y close le cycle par quoi l’impasse du sujet se consomme de révéler sa vérité. Le manque à être qui constitue l’aliénation, s’installe à la réduire au désir, non pas qu’il soit ne pas penser (soyons spinozien ici), mais de ce qu’il en tienne la place par cette incarnation du sujet qui s’appelle la castration, et par l’organe du défaut qu’y devient le phallus. Tel est le vide si incommode à approcher. Il est maniable d’être enveloppé du contenant qu’il crée. Retrouvant pour ce faire les chutes qui témoignent que le sujet n’est qu’effet de langage : nous les avons promues comme objet a. Quel qu’en soit le nombre et la façon qui les maçonne, reconnaissons-y pourquoi la notion de créature, de tenir au sujet, est préalable à toute fiction, On y a seulement méconnu le nihil même d’où procède la création, mais le Dasein inventé pour couvrir ces mêmes objets peu catholiques, ne nous donne pas meilleure mine à leur regard. C’est donc au vide qui les centre, que ces objets empruntent la fonction de cause où ils viennent pour le désir (métaphore par parenthèse qui ne peut plus être éludée à revoir la catégorie de la cause). L’important est d’apercevoir qu’ils ne tiennent cette fonction dans le désir qu’à y être aperçus comme solidaires de cette refente (d’y être à la fois inégaux, et conjoignant à la disjoindre), de cette refente où le sujet s’apparaît être dyade – soit prend le leurre de sa vérité même. C’est la structure du fantasme notée par nous de la parenthèse dont le contenu est à prononcer : S barré poinçon a. Nous revoilà donc au nihil de l’impasse ainsi reproduite du sujet supposé savoir. Pour en trouver le hile, avisons-nous qu’il n’est possible de le reproduire que de ce qu’elle soit déjà répétition à se produire. L’examen du groupe ne montre en effet jusqu’ici dans ces trois opérations que nous sommes : aliénation, vérité et transfert, rien qui permette de revenir à zéro à les redoubler : loi de Klein posant que la négation à se redoubler s’annule. Bien loin de là, quand s’y opposent les trois formules dont la première dès longtemps frappée par nous s’énonce : Il n’y a pas d’Autre de l’Autre, autrement dit pas de métalangage, dont la seconde renvoie à son inanité la question dont l’enthousiasme déjà dénonce qui fait scission de notre propos : que ne dit-il le vrai sur le vrai ?, dont la troisième donne la suite qui s’en annonce : il n’y a pas de transfert du transfert. Le report sur un graphe des sens ainsi interdits est instructif des convergences qu’il démontre spécifier chaque sommet d’un nombre. Encore faut-il ne pas masquer que chacune de ces opérations est déjà le zéro produit de ce qui a inséré au réel ce qu’elle traite, à savoir ce temps propre au champ qu’elle analyse, celui que Freud a atteint à le dire être : répétition. La prétérition qu’elle contient est bien autre chose que ce commandement du passé dont on la rend futile. Elle est cet acte par quoi se fait, anachronique, l’immixtion de la différence apportée dans le signifiant. Ce qui fut, répété, diffère, devenant sujet à redite. Au regard de l’acte en tant qu’il est ce qui veut dire, tout passage à l’acte ne s’opère qu’à contresens. Il laisse à part l’acting out où ce qui dit n’est pas sujet, mais vérité. C’est à pousser cette exigence de l’acte, que le premier nous sommes correct à prononcer ce qui se soutient mal d’un énoncé à la légère, lui courant : le primat de l’acte sexuel. Il s’articule de l’écart de deux formules. La première : il n’y a pas d’acte sexuel, sous-entend : qui fasse le poids à affirmer dans le sujet la certitude de ce qu’il soit d’un sexe. La seconde : il n’y a pas d’acte sexuel, implique : dont la pensée ait lieu de se défendre pour ce que le sujet s’y refend : cf. plus haut la structure du fantasme. La bisexualité biologique est à laisser au legs de Fliess. Elle n’a rien à faire avec ce dont il s’agit : l’incommensurabilité de l’objet a à l’unité qu’implique la conjonction d’êtres du sexe opposé dans l’exigence subjective de son acte. Nous avons employé le nombre d’or à démontrer qu’elle ne peut se résoudre qu’en manière de sublimation. Répétition et hâte ayant déjà été pour nous articulées au fondement d’un « temps logique », la sublimation les complète pour qu’un nouveau graphe, de leur rapport orienté, satisfasse en redoublant le précédant, à compléter le groupe de Klein – pour autant que ses quatre sommets s’égalisent de rassembler autant de concours opérationnels. Encore ces graphes d’être deux, inscrivent-ils la distance du sujet supposé savoir à son insertion dans le réel. Par là ils satisfont à la logique que nous nous sommes proposée, car elle suppose qu’il n’y a pas d’autre entré pour le sujet dans le réel que le fantasme. À partir de là le clinicien, celui qui témoignent que le discours de ses patients reprend le nôtre tous les jours, s’autorisera à donner place à quelques faits dont autrement on ne fait rien : la fait d’abord qu’un fantasme est une phrase, du modèle d’un enfant est battu, que Freud n’a pas légué aux chiens. Ou encore : que le fantasme, celui-ci par exemple et d’un trait que Freud y souligne, se retrouve dans des structures de névrose très distinctes. Il pourra alors ne pas rater la fonction du fantasme, comme on le fait à n’employer, sans la nommer, notre lecture de Freud qu’à s’attribuer l’intelligence de ses textes, pour mieux renier ce qu’ils requièrent. La fantasme, pour prendre les chose au niveau de l’interprétation, y fait fonction de l’axiome, c’est-à-dire se distingue des lois de la déduction variables qui spécifient dans chaque structure la réduction des symptômes, d’y figurer sous un mode constant. Le moindre ensemble, au sens mathématique du terme, en apprend assez pour qu’un analyste à s’y exercer, y trouve sa graine. Ainsi rendu au clavier logique, le fantasme ne lui fera que mieux sentir la place qu’il tient pour le sujet. C’est la même que le clavier logique désigne, et c’est la place du réel. C’est dire qu’elle est loin du bargain névrotique qui a pris ses formes de frustration, d’agression, etc., la pensée psychanalytique au point de lui faire perdre les critères freudiens. Car il se voit aux mises en acte du névrosé, que le fantasme, il ne l’approche qu’à la lorgnette, tout occupé qu’il est à sustenter le désir de l’Autre en le tenant de diverses façons en haleine. Le psychanalyste pourrait ne pas se faire son servant. Ceci l’aiderait à en distinguer le pervers, affronté de beaucoup plus près à l’impasse de l’acte sexuel. Sujet autant que lui bien sûr, mais qui fait des rêts du fantasme l’appareil de conduction par où il dérobe en court-circuit une jouissance dont le lieu de l’Autre ne le sépare pas moins. Avec cette référence à la jouissance s’ouvre l’ontique seule avouable pour nous. Mais ce n’est pas rien qu’elle ne s’aborde même en pratique par les ravinements qui s’y tracent du lieu de l’Autre. Où nous avons pour la première fois appuyé que ce lieu de l’Autre n’est pas à prendre ailleurs que dans le corps, qu’il n’est pas intersubjectivité, mais cicatrices sur le corps tégumentaires, pédoncules à se brancher sur ses orifices pour y faire office de prises, artifices ancestraux et techniques qui le rongent. Nous avons barré la route au quiproquo qui, prenant thème du masochisme, noie de sa bave le discours analytique et le désigne pour un pris haut-le-cœur. La monstration du masochisme suffit à y révéler la forme la plus générale à abréger les vains essais où se perd l’acte sexuel, monstration d’autant plus facile qu’il procède à s’y doubler d’une ironique démonstration. Tout ce qui élide un saillant de ses traits comme fait pervers, suffit à disqualifier sa référence de métaphore. Nous pensons aider à réprimer cet abus en rappelant que le mot de couardise nous est fourni comme plus propre à épingler ce qu’il désigne dans le discours même des patients. Ils témoignent ainsi qu’ils perçoivent mieux que les docteurs, l’ambiguïté du rapport qui lie à l’Autre leur désir. Aussi bien le terme a-t-il ses lettres de noblesse d’être consigné par Freud dans ce qui de la bouche de l’Homme aux rats, lui paru digne d’être recueilli pour nous. Nous ne pouvons omettre le moment de fin d’une année où nous avons pu invoquer le nombre comme facteur de notre audience, pour y reconnaître ce qui suppléait à ce vide dont l’obstruction ailleurs, loin de nous céder, se réconforte à nous répondre. Le réalisme logique (à entendre médiévalement), si impliqué dans la science qu’elle omet de le relever, notre peine le prouve. Cinq cents ans de nominalisme s’interpréteraient comme résistance et seraient dissipés si des conditions politiques ne rassemblaient encore ceux qui ne survivent qu’à professer que le signe n’est rien que représentation.
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